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Buon viaggio!
Véritable musée à ciel ouvert, la ville de Genève regorge de monuments dédiés aux élites et aux « grands hommes » de la cité. Mais qu’est-ce qui se cache derrière l'histoire officielle coulée dans le bronze ou gravée dans le marbre ? Si nous cherchons à regarder au-delà de la « grande histoire » et des « épopées glorieuses », c'est une société fortement empreinte d’inégalités, de discriminations et de logiques d’exclusion qui se révèle à nos yeux. C'est ce que « Dialogue en Route » propose de vous faire découvrir à travers deux parcours urbains, l'un dédié aux figures de la Genève internationale, et l'autre, aux savants genevois. Le public sera amené à rencontrer les « faces cachées » d'Henri Dunant, de Gustave Moynier, de William Rappard, de Carl Vogt, d'Emile Yung ou encore d'Eugène Pittard afin de mieux comprendre le rôle de ces figures historiques, de Genève et de ses grandes institutions dans la « fabrique des inégalités ». Un regard sur le passé qui invite, d’une part à mieux questionner le présent, et d’autre part à interroger la célébration du passé et des figures que la postérité a retenues dans l’espace public et symbolique de la ville.
Genève, « capitale des droits humains », « foyer du mouvement humanitaire » : ces qualificatifs témoignent du rayonnement international de la cité, siège des Nations Unies et de la Croix-Rouge internationale, en matière de respect de la personne humaine. Or l'histoire, quand on s'y penche, donne à voir un autre récit plus complexe et moins lumineux : celui des rapports de pouvoirs, des asymétries, des inégalités et des discriminations. En partant à la rencontre de trois personnages phares de la Genève internationale – Henri Dunant, Gustave Moynier et William Rappard – le public sera invité à questionner cette histoire et son héritage actuel, dans l'espace public par ses monuments ou à un niveau plus large. Il trouvera également quelques éléments de réponse à la question suivante : quel a été le rôle des grandes organisations internationales actives dans la promotion des droits humains ou de l'humanitaire dans la « fabrique des inégalités » ?
Science rime-t-elle toujours avec clairvoyance ? Est-elle toujours synonyme de « progrès » ? L'histoire démontre qu’il faut nuancer ces affirmations. Construites politiquement et socialement, les sciences ont légitimé et véhiculé un certain nombre d'inégalités. Ainsi, au 19ème siècle et durant une bonne partie du 20ème siècle, plusieurs savants et scientifiques, aveuglés par leurs croyances, tenaient des discours discriminatoires, allant du racisme au sexisme en passant par le validisme et le classisme ; discours qu'ils présentaient comme des vérités scientifiques. Loin d'être épargnée par ce phénomène, Genève a elle aussi fourni au monde un certain nombre de savants convaincus par les théories des inégalités humaines, parmi lesquels Carl Vogt, Emile Yung et Eugène Pittard. Le public sera amené à les rencontrer au fil de la visite. Or, si ces théories sont aujourd'hui majoritairement invalidées par les sciences et les divers mouvements sociaux, elles continuent, dans une certaine mesure, de circuler dans les imaginaires et les esprits. Partir sur les traces de ce passé c’est donc interroger la persistance des inégalités et des discriminations dans le présent, mais aussi comprendre la construction des sciences comme un phénomène idéologiquement situé.